Discours des voeux 2006
Jacques KRABAL
Vice Président du Conseil Général de l'Aisne
Conseiller Général du Canton de
Château-Thierry
Mes Chers Amis,
Vous devez être
étonnés de nous retrouver, Christiane et moi, de nouveau à Chierry comme l’an
dernier, pour cette 14ème cérémonie de vœux.
Il y a deux
raisons à cela, la première c’est que nous sommes toujours très bien accueillis
ici dans cette Maison du Parc, par toi, Roberte, Présidente des Maires du
Canton et aussi par ton Conseil Municipal. Mais au-delà, si j’ai souhaité nous
rassembler de nouveau à Chierry, c’est surtout en raison des perspectives
économiques que nous apporte le pôle de compétitivité porté par l’UCCSA, en partenariat
avec l’entreprise INZO basée ici sur ta commune. Je salue la présence de M.
Philippe BOURGEON, Directeur administratif et financier.
Avant de
laisser le soin à M. STADLER Directeur Général du Pôle de Compétitivité que
nous sommes honorés d’accueillir, de vous présenter plus largement ce projet si
important pour notre territoire, je voudrais vous remercier de vous être
déplacés si nombreux.
Vous vous en doutez cette cérémonie
de vœux est particulière. Vous avez pu le noter en découvrant notre carte de
vœux. Celle-ci associe le numéro de notre département le 02 à l’0² (symbole de
l’oxygène). Sans plus tarder je vous souhaite donc pour 2006 beaucoup
d’aspiration d’0² et d’inspiration pour vos projets.
Quoi de plus significatif pour
illustrer cette volonté : l’air, l’eau, les éléments naturels, et les
activités culturelles.
Au premier rang desquelles la
musique : La musique est diverse et variée. Tous les groupes
n’ont pas pu trouver place dans les 52 semaines d’une année. Je vous invite à y découvrir les 8 groupes
représentant le Sud de l’Aisne.
Je tiens à saluer le travail de
l’ADAMA, de son Directeur Jean-Michel VERNEIGES, et de M. Gérald VILLAIN
Président de la Fédération des Sociétés Musicales de l’Aisne, qui au niveau
départemental donnent ce souffle à la musique. J’y associerai également le
travail des Pyramides Bleues qui dans le domaine des musiques actuelles ne
manquent pas d’air non plus.
La musique en 2006 ce sera
évidemment le 250ème anniversaire de la naissance de MOZART. Je ne
doute pas qu’à cette occasion nous serons conviés à redécouvrir et à apprécier
les œuvres de cet artiste de génie. Nous en profiterons pour nous laisser
influencer par l’Homme et sa personnalité. Son père Léolpold lui a appris
« …que le monde est gouverné par les riches, que l’argent donne le pouvoir
mais non l’intelligence ni le talent… ». Selon Riccardo Muti, chef d’orchestre
italien et homme de théâtre, « Mozart est l’un des rares musiciens qui
parle des gens aux gens sans condamner ni juger. Ses opéras nous disent qui
nous sommes. Et puis sa musique est amour. Elle nous met dans un état
second où nous communions avec l’univers ».
Le rassemblement de ce soir est
certes musical, mais il est également pour nous l’expression d’une volonté de rencontres,
d’échanges et de réflexions dans un climat de convivialité et de fête et
ce n’est pas le lieu ni le moment du bilan de l’année écoulée. Mais fidèle à ma
méthode de travail, comme tous les ans, je vous ferai part d’ici quelques jours
des subventions obtenues pour le développement et l’équipement de nos
collectivités. Je sais aussi que vous ne manquerez pas de me questionner, de
m’interpeller comme vous le faites depuis maintenant 14 ans.
Encore plus cette année, du fait de mon
positionnement contre la campagne de communication en franglais mise en place
par l’Assemblée Départementale, qui m’a
valu, comme vous le savez, le retrait de mes responsabilités au sein de
l’exécutif départementale. Ce soir je ne veux pas m’étendre sur ce sujet, nous
aurons l’occasion d’en reparler très prochainement. Que l’on ne compte pas sur
moi pour rompre la concorde et l’harmonie qui existe ici entre nous. Mais que
l’on ne compte pas sur moi non plus pour me taire et utiliser la langue de
bois !
Oui, échanger, débattre, vous rendre
compte, faire entendre la voix du sud de l’Aisne avec conviction dans la
défense de l’intérêt général mais avec tolérance c’est ma conception du rôle d’un
élu. La liberté d’expression est l’oxygène de la Démocratie. Je sais qu’au-delà
de vos opinions politiques vous êtes très nombreux à partager ce point de vue.
Comme le disait Léon BLUM « l’homme libre est celui qui n’a pas peur
d’aller jusqu’au bout de sa pensée ».
Cette cérémonie est l’occasion de vous remercier. La
reconnaissance et le partage sont des valeurs auxquelles je tiens. Mes chers Amis, cette année, des
remerciements mais surtout des vœux.
Des bons vœux pour chacun d’entre vous. Des vœux de bonne
santé, je m’adresse en priorité à ceux qui souffrent de la maladie, à ceux qui sont
dans la difficulté, à ceux qui sont sans emploi. Du fond du cœur je leur
souhaite que 2006 soit meilleure et leur apporte plus de douceur.
Non pas par
principe ou par convention, mais avec sincérité, je vous dis merci et bravo
pour votre état d’esprit !
Bravo car
vous tous luttez contre la déprime ambiante.
La montée du mot impuissance s’impose dans les ouvrages
politiques, économiques mais aussi dans les discours des Hommes politiques. La France
serait en pleine déprime: la menace des plombiers polonais, Trafalgar
Olympique, le poids de la dette, la crainte des délocalisations, les incendies de
taudis à Paris, les queues qui s’allongent aux Restos du Cœur, la révolte des
banlieues, la justice aveuglée à Outreau… Les Français n’ont plus confiance.
L’insécurité est à tous les niveaux. Nous avons peur aujourd’hui mais aussi
pour demain, pour nos enfants et petits enfants.
Et pourtant, nous savons tous que la peur est mauvaise
conseillère. C’est pourquoi nous devons nous interroger sur les biens fondés de
ces craintes…
Ces sentiments ne seraient-ils pas l’effet d’une ambiance
générale plutôt que la perception de notre situation personnelle réelle ?
Cette dépression n’est-elle pas également la conséquence des remèdes et des
purges sans effets prescrits par nos élites politiques et économiques depuis de
nombreuses années ? Méfions-nous
quand ces peurs peuvent être attisées à des fins électoralistes !
Les violences urbaines qui ont secoué la France le mois
dernier n’en sont-elles pas une des illustrations ! Ces troubles ont fait
l’objet de commentaires et d’analyses les plus variés. Les causes sont
multiples.
Pour ma part je l’ai dit publiquement, ces violences ont
d’abord montré l’échec des politiques et des gouvernements successifs. Il est
inadmissible de tolérer que des biens publics et des biens privés surtout ceux
des plus faibles soient anéantis. Si rien ne peut justifier ces actes qui
doivent être condamnés, par contre, tout doit être mis en œuvre pour les
éviter. Cette révolte des quartiers apporte également la preuve patente que le
tout sécuritaire quand il n’est pas associé à des politiques fortes de
prévention dans l’éducation, l’emploi et le logement, conduit à l’échec. L’écart croissant entre la promesse
d’égalité brandie par notre société démocratique et la réalité du vécu d’une
large part de la population, ne peut que susciter le découragement.
Aujourd’hui, nous devons mener un combat permanent contre la
montée du racisme et contre les discriminations inacceptables. Mais l’enjeu va
bien au-delà de ces objectifs. L’urgence est de définir des politiques qui servent
les intérêts des couches populaires et des classes moyennes. Une réforme de
l’éducation qui donnera véritablement les moyens d’assurer une qualification à
tous, une politique de l’emploi qui redonne un avenir à chacun et une
politique du logement qui fabrique de la mixité et de la mobilité.
Nous ne sommes plus dans une ère de confiance, notre société
vit dans le doute et l’inquiétude. Les plus désabusés de nos concitoyens et ils
sont nombreux, se désintéressent de leur représentation politique et
s’abstiennent de voter, d’autres se tournent vers la protestation extrémiste.
En même temps l’individualisme progresse, dans ses pires dimensions, d’égoïsme,
de repli sur soi, tandis que le communautarisme fraye son chemin au risque de
miner la démocratie et la République.
Pour
endiguer cela il est indispensable que les partis politiques se réforment avant
de vouloir réformer la société. Les Partis Politiques doivent prendre
conscience qu’ils ne sont plus représentatifs des citoyens. Ils doivent
s’ouvrir davantage sur les gens et permettre comme en Italie de favoriser
l’implication de tous les citoyens aux côtés des militants dans la désignation
de leurs candidats. Je souhaite que les partis politiques puissent prendre en
compte davantage les problèmes quotidiens des citoyens, plutôt que d’être des
officines centrées prioritairement sur le pouvoir.
En 2006,
j’attends qu’une place centrale soit accordée à la réflexion et à la
connaissance, à l’élaboration des analyses en profondeur, à l’écoute et à la
compréhension des attentes de la population avec des propositions de véritables
solutions alternatives. L’objectif est de redonner du sens à une société
désorientée.
La
culture peut mobiliser la société autour d’un projet et donner la possibilité
pour le citoyen de prendre sa vie en main. La culture partout et pour tous
comme le propose le mouvement « En avant la Culture ». Une société de
progrès, de justice sociale, de liberté et d’égalité appelle un projet culturel
fort. Je souhaite qu’en 2006, acteurs culturels, citoyens élus ensembles, nous
en écrivions les pages pour notre département et pour le Sud de l’Aisne. Faisons-le
vite avant qu’il ne soit trop tard, déjà des artistes, des troupes de théâtre
n’en peuvent plus. Sans plus tarder, engageons-nous dans la mise en œuvre d’un
projet d’Art et d’Histoire bâti autour de notre patrimoine culturel,
littéraire, historique et nos monuments historiques. Sachons valoriser notre
identité, en nous tournant vers la modernité.
Parce que
la culture est ce qui permet à une communauté humaine de se reconnaître dans
des valeurs fédératrices pour mieux y vivre et pérenniser son enracinement dans
la société, comme le soulignait Victor HUGO en novembre 1848 à l’Assemblée
Nationale, discours toujours d’actualité : « Quel est le grand péril
de la situation actuelle ? L’ignorance. L’ignorance encore plus que la
misère. Car c’est à la faveur de l’ignorance que certaines doctrines fatales
passent de l’esprit impitoyable des théoriciens dans le cerveau des
multitudes ».
En 2006 de
l’oxygène pour la culture, mais aussi pour faire reculer la misère.
N’oublions pas que c’est la 21ème année que les
Restos du Cœur ouvrent leurs portes pour distribuer nourriture et réconfort.
Coluche n’en croirait pas ses yeux devant l’augmentation du nombre des victimes
de la misère. Aujourd’hui les pauvres
sont de plus en plus pauvres. Maintenant nous trouvons même des salariés et des
retraités pauvres ! Le nombre de bénéficiaires du RMI est en constante
augmentation. Les revenus sociaux ne leur permettent plus de s’en sortir même
avec le soutien des travailleurs sociaux, l’aide des associations caritatives
et des CCAS. On ne peut plus parler de filet de sécurité pour les pauvres, mais
plutôt de filet percé.
Aujourd’hui,
être pauvre, ce n’est pas seulement être privé de ressources, mais c’est aussi
être privé de capacités et de moyens d’action. Le coût social et humain de
cette situation inédite a des répercussions majeures sur la vie et aussi sur la
santé de nombreuses familles et personnes. Les plus faibles sont aussi les plus
fragiles. Grâce à la CMU, la prise en compte de leur santé est globalement
assurée. Dans ce domaine nous pouvons féliciter nos médecins mais aussi le
Centre Hospitalier de Château-Thierrry et la Renaissance Sanitaire de Villiers
Saint Denis qui après des difficultés demeurent les cœurs du service de santé
de proximité de notre arrondissement.
Souhaitons
qu’en 2006 de l’oxygène puisse encore leur être apporté pour améliorer l’offre
de soins aux patients et maintenir l’emploi. Et que la tâche des personnels
soignants et techniques, qui ont beaucoup souffert ces derniers temps, soit
facilitée.
Que 2006 voit
la recherche contre le cancer continuer de progresser pour aboutir à des
traitements encore plus efficaces et mieux comprendre les mécanismes de cette
terrible maladie. Celle-ci frappe jeunes et moins jeunes. Nous avons encore
laissé partir en 2005 un trop grand nombre de parents et d’amis, ils sont
particulièrement là avec nous ce soir. Là encore pas de résignation, nous
devons garder l’espoir et nous sommes aux côtés de ceux qui luttent pour
terrasser cette maladie. L’espoir s’appelle la Prévention et le Renforcement
du Dépistage. Je tiens à saluer la présence de Mmes CUVELIER et DELANNOIS qui
se sont engagées dans cette campagne. Pour aller plus loin dans cette volonté de sensibilisation,
plusieurs manifestations seront organisées en Avril avec la Ligue Contre le
Cancer, l’Institut Godinot et le Club de Triathlon de l’Omois avec
l’organisation de son Trail nature, ce sera là encore l’occasion de prendre de
l’0² en faisant preuve de Solidarité.
Faire reculer la pauvreté, et par conséquent faire également
reculer le chômage.
Les créations d’emplois manquent. Le
chômage au-delà des chiffres officiels se maintient à un niveau très élevé
surtout dans notre département (…). En 2006 ce sera le papy boom qui succèdera
au baby boom de 1946, 700.000 départs sont prévus, mais combien d’entre eux
seront remplacés ? Peut-être à peine la moitié.Ce bataillon de retraités ne va cesser
de grossir encore, dans les années à venir. Au-delà du problème du financement
des retraites, il est urgent aussi de développer encore plus les services de
maintien à domicile des personnes âgées. (…)
Mais quelles réponses apporter concrètement ? Une
plate forme locale de l’emploi avec l’ensemble des partenaires sociaux et
économiques, pourquoi pas ! Mais est-ce que ce sera suffisant pour stopper
les délocalisations?
Comme sur la ZID de l’Omois qui
enfin se remplit avec l’arrivée de Faure et Machet, Tubest, William Saurin.
Merci aux Responsables de ces Sociétés qui ont fait le choix de venir
s’installer chez nous.
Saluons aussi les résultats des
entreprises du Sud de l’Aisne qui continuent de se distinguer dans le mensuel
l’Entreprise. Au rang desquelles : Coopérateurs de Champagne, Pillaud
BigMat, la COVAMA, Villette Viande, SOCADI, Westfalia Separator, Tubest,
Novacel… Je n’oublie pas les entreprises Eurokéra, Saint-Gobain et Inzo qui
sont parmi les entreprises les plus innovantes de notre département. Sans
oublier les artisans, commerçants, les professions libérales qui eux créent de
véritables emplois de proximité : je leur rends hommage publiquement.
Grâce à ce
projet, notre territoire a pu être retenu dans le cadre du Pôle de Compétitivité,
Industries et Agro Ressources. C’est le 6 septembre 2005 avec M. DUBOIS,
Vice-Président chargé de l’agriculture que cette nouvelle nous a été
communiquée à Laon.
Ce projet montre notre volonté de concilier l’équilibre environnemental, social et
économique. C’est ainsi que nous
assurerons aux générations futures les moyens de vivre sereinement en disposant
des ressources nécessaires à leur épanouissement. Il est grand temps que tout soit mis en œuvre pour obtenir
une croissance durable « riche en emplois et pauvres en CO2 ».(…)
Les
objectifs du développement durable et le principe de précaution s’imposent
maintenant partout et pour tout. Alors souhaitons qu’il en soit de même pour le
traitement des déchets. Aujourd’hui les procédés mis en œuvre ne peuvent pas ne
pas prendre en compte les nouvelles technologies.
Demandons
qu’en 2006 il en soit ainsi pour notre environnement et notre oxygène !
L’accueil
des personnes handicapées progresse grâce à l’action des associations et des
familles, des projets deviennent des réalités avec l’extension du CAT et
le développement de nouveaux services.
Grâce à l’action des ACPG, des enseignants, des historiens
locaux et des élus, dans nos communes existent une vraie dynamique de la
mémoire. Pour ne pas oublier les sacrifices des Poilus, en partenariat avec les
écoles, nous allons redonner vie à tous ces noms qui sont sculptés dans les
pierres de nos monuments aux morts.
Depuis
quelques jours est ouvert à Château-Thierry un complexe hôtelier unique dans
notre département. Il est entièrement accessible à toutes les personnes
handicapées.
Le projet
de structures multi accueil mené par la CCRCT sera de l’oxygène pour aider la
vie des femmes et des familles. Elles seront un plus dans l’éducation de nos
jeunes enfants.
Oui vous
voyez, tout n’est pas si noir, et je pourrais encore vous citer nombre de
réalisations qui respirent le dynamisme. Alors en 2006 disons-le qu’il y a de
l’0² dans le Sud de l’Aisne.
Voilà mes
chers amis autant de signes qui montrent que nous devons avoir confiance en nos
capacités.
Philippe DELERME, l’auteur de « la première gorgée de
bière et autres plaisirs minuscules » nous invite avec force à oser poser
la question du bonheur. Ce mot pour lui représente la volonté d’accumuler, de
rassembler nombre de plaisirs minuscules.
En 2006, Bonheur donc. Un bonheur qui ressemble - toujours selon Philippe DELERME - à un chemin vicinal au bord duquel nous sommes invités à respirer et à nous inspirer des spectacles gratuits qui nous sont offerts par la nature. Mais un chemin qui nous permette également de rencontrer, de croiser et d’échanger nos cultures.
Bonne année 2006 !